Catia Ramalho

"Pourquoi toutes ces nuits contre d'autres corps? C'est que c'est insupportable." Catia Ramalho

jeudi, septembre 09, 2010

Au corps de ...


La nuit lui convenait,
Une nuit musquée
De rut échevelé,
De soupirs,
Enchantée

De plaintes


Et du bruissements des draps de soie indienne.

.

La nuit enveloppait la couche.
Il laissait échapper une psalmodie chuchotée,
Des mots, des râles étouffés.

Parfois,
Il s'avançait jusqu'à la demeure pétrifiée,
Envahie d'une végétation dense et mystérieuse.

Le sexe érigé et victorieux,
C'était dans un temps de lune montante,
Il entrait par effraction allant jusqu'à briser une vitre,
étendue
elle reposait

au centre d'un halo lumineux,
ses lieux de femme les plus secrets ouverts au  regard du visiteur
le désir s'écoulant en liqueur parfumée.
C'était une fontaine
De frissons, de pulsions,
De gestes ébauchés et brusquement interrompus,
Une chaleur étrange s'emparait d'ELLE.

Elle savait ce moment
et se laissait aller dans cette manipulation douce.
Les doigts de celui qu'elle appelait souvent, dans le sommeil et le rêve, 
les doigts,
magiques dans leurs parcours,
glissaient , légers, le long des jambes abandonnées,
arrondissaient le ventre parfait, disparaissaient dans la toison parfumée,
remontaient le long des lombes cambrées,
s'attardaient sur le visage,
et caressaient longuement le cou rejeté vers l'arrière,
encolure de biche étendue dans le feuillage pourrissant de la forêt.
Le maître parcourait son domaine.

*

à chacune de ses promenades,
nocturnes,
à la pleine lune
sous la pluie d'automne,
dans le froid et le vent,
parfois sous la neige
il pénétrait dans son atelier de sculpteur maintenant déserté.

*

 S'emparait d'un lien lumineux
étrange fine cordelette
et du front couronné
enveloppant la nuque, le col, les épaules,
soutenant les seins qu'elle portait en bijoux,
le torse le ventre,
et se perdait dans le bas en volutes lumineuses.

Chacun de ses mouvements déclenchait chez elle un frisson voluptueux,
elle gémissait et perdait conscience
dans une étreinte puissante qui la transformait pour l'éternité.

*

A l'aube
il la recouvrait d'une peau de loup abattu au moment des grandes chasses,
et sortait dans le froid et le brouillard.
S'enfonçait dans la forêt humide.
Un chasseur.
C'était un chasseur de bêtes sauvages.

4 commentaires:

  1. Il y a dans ces mots bon nombre de frissons poétiques, de la sensualité. Le désir se cache en chaque lettre.
    C'est beau, monsieur l'artiste.
    Je ne regrette en rien d'avoir prêté mon corps à vos mots.

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  2. Merci de votre commentaire.
    L'artiste et le modèle, le don de soi et le désir de transfigurer "le réel en merveilleux". (Camus).
    Un rapport mystérieux et profondément sensible.
    Un accord dont la musicalité est sans limite...
    Une harmonie...

    C.C

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  3. Étrangement, ce texte me ramène des brides de souvenirs d'un film, "Les amants du cercle polaire".

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  4. Bonsoir Bakikeur. Je ne connais pas ce film ,pouvez vous me donner les références pour l'obtenir et si vous le pouvez m'en parler.
    Encore merci pour votre commentaire. Egalement il y a une réflexion possible sur le modèle et l'artiste. Encore merci Christian CAZALS

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