Catia Ramalho

"Pourquoi toutes ces nuits contre d'autres corps? C'est que c'est insupportable." Catia Ramalho

lundi, juin 28, 2010

L'automobile

L' automobile.


Elle ferme les yeux.
Le bolide
à tombeau ouvert
et
la route née au sommet de la montagne légendaire.
Jeanne ferme les yeux.
Casqué de cuir,
Ganté
Il laisse aller sa main,
écarte le voile de soie
posé sur le sexe,
le ventre est souple qu'il masse avec lenteur.
Jeanne s'abandonne,
imperceptible
l'écartement des cuisses,
la tête projetée vers l'arrière
lèvres entrouvertes sur le clavier d'une dentition parfaite.
Le bolide
à tombeau ouvert,
une main suffit,
gantée,
sur la fissure turgescente
rousse en reflets,
palpitante.
fine soie noire
ébène glissé dans l'élargissement lent du sexe
caresse soyeuse
écoulement
suc odorant
avant le lapement au creux du sous-bois.


Véhicule au toit débâché
chant du feuillage agité par le vent
brise sur le téton découvert durci par le froid,
ma langue explore la rondeur du sein
les lèvres de l'amie s'entrouvrent
un chant léger anime les membres
et le visage,
des larmes de plaisir.
le pied cambré de la belle remonte
écarte le tissu encombrant du vêtement,
enveloppe
les hémisphères frissonnants,
rétractés
jusqu'au jouir d'une voix grave et modulée.

mardi, juin 22, 2010

La robe en corolle

La robe en corolle

                              et le souffle de la brise parfumée

touffeur d'une journée paresseuse la lune inonde le refuge secret d'une lumière pâle, qui sculpte l'étrange couche,
le totem de bois luisant et noir au centre du lieux de repos, le repos du guerrier,


un oiseau noir pénètre, se pose et replie ses ailes,
la tête sur le coté il observe les cuisses en mouvement
les hanches roulent sur le satin du drap,

les jambes s'enroulent, parcourent la taille du corps étendu et remontent très haut emprisonnant le cou,
la nuque, étouffant le grognement de celui plongé dans un premier sommeil.

Une longue étreinte, Vénus pâlira et la lune masquera pudiquement son regard.

                                                                                                                     Envol de l'oiseau de proie.

La fraîcheur du matin et les ombres des corps étendus. Un chant lointain dans la montagne désertique.

Peut-être une prière?




Texte écrit, grâce à l'impulsion donnée par un souvenir et aussi par quelques simples mots.                             


                      

dimanche, juin 20, 2010

La Route...celle de Khajuraho



Tout a commencé dans une petite chambrette, parfaite cellule monacale, murs lépreux et sol de carrelage brisé, odeur d'encens, de santal et d'urine desséchée. Un lumignon pend du plafond, ampoule électrique parsemée de chiures de mouches. Le lit au centre de la minuscule pièce est légèrement bancale, les draps sont gris, tout l'hôtel vibre de sons, de musique envoûtante et de rires ponctués de crachements sonores et colorés de bétel.
Mais c'est bien. Nous sommes dans la joie de la découverte de cette nouvelle vie qui nous transporte vers ce village plein de sensualité: Khajuraho.
Et la sensualité commence ici, dans ce lieu étroit, quelques mètres carrés, un lavabo, pas de douches et de toilettes "à la turque". Nos deux corps depuis Paris s'agitent, et maintenant ça craque, ça se rapproche, ça se frotte et sauvagement sur ce grabat, s'accouplent dans une joie certaine, de longs gémissements se mêlent aux chants et aux musiques du "hall room".
Le vieux portier nous a certifié que demain matin à cinq heures trente le clairon sonnera pour nous et que nous prendrons le bus de six heures.
Forts de cette promesse nous sombrons dans un sommeil réparateur.
Le réveil se fait. en catastrophe à 5h55A.M et sous une pluie battante nous galopons jusqu'au bus, nous nous écroulons dans de vieux sièges de moleskine, époque British reine Victoria, et le bus s'ébranle. Bien sûr les essuies glace sont morts et les amortisseurs se chargent de vous tenir en éveil.
Voyage de plusieurs heures, discussion avec le voisin au sujet des Temples dédiés à Shiva, il en profite pour nous parler de son petit commerce de bijoux, enfin dans un fracas épouvantable, le bus TATA stoppe sur la place ornée d'un magnifique lingam et dégueule son chargement de marchands ambulants,de femmes en Sari au port majestueux, de touristes interloqués et de bagages solidement cousus dans de la toile à sac.

samedi, juin 19, 2010

Poème interdit de Baudelaire


Lesbos




Mère des jeux latins et des voluptés grecques,

Lesbos, où les baisers, languissants ou joyeux,

Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,

Font l’ornement des nuits et des jours glorieux

Mère des jeux latins et des voluptés grecques,



Lesbos, où les baisers sont comme les cascades

Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds,

Et courent, sanglotant et gloussant par saccades,

Orageux et secrets, fourmillants et profonds

Lesbos, où les baisers sont comme les cascades !



Lesbos, où les Phrynés l’une l’autre s’attirent

Où jamais un soupir ne resta sans écho,

À l’égal de Paphos les étoiles t’admirent

Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho !

Lesbos, où les Phrynés l’une l’autre s’attirent,



Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses

Qui font qu’à leurs miroirs, stérile volupté !

Les filles aux yeux creux, de leurs corps amoureuses,

Caressent les fruits mûrs de leur nubilité ;

Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,



Laisse du vieux Platon se froncer l’oeil austère,

Tu tires ton pardon de l’excès des baisers,

Reine du doux empire, aimable et noble terre

Et des raffinements toujours inépuisés.

Laisse du vieux Platon se froncer l’oeil austère.



Tu tires ton pardon de l’éternel martyre,

Infligé sans relâche aux coeurs ambitieux,

Qu’attire loin de nous le radieux sourire

Entrevu vaguement au bord des autres cieux !

Tu tires ton pardon de l’éternel martyre !



Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge

Et condamner ton front pâli dans les travaux,

Si ses balances d’or n’ont pesé le déluge

De larmes qu’à la mer ont versé tes ruisseaux ?

Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge ?



Que nous veulent les lois du juste et de l’injuste ?

Vierges au coeur sublime, honneur de l’archipel,

Votre religion comme une autre est auguste,

Et l’amour se rira de l’Enfer et du Ciel !

Que nous veulent les lois du juste et de l’injuste ?



Car Lesbos entre tous m’a choisi sur la terre

Pour chanter le secret de ses vierges en fleurs,

Et je fus dès l’enfance admis au noir mystère

Des rires effrénés mêlés aux sombres pleurs ;

Car Lesbos entre tous m’a choisi sur la terre.



Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,

Comme une sentinelle à l’oeil perçant et sûr,

Qui guette nuit et jour brick, tartane ou frégate,

Dont les formes au loin frissonnent dans l’azur ;

Et depuis lors je veille au sommet de Leucate



Pour savoir si la mer est indulgente et bonne,

Et parmi les sanglots dont le roc retentit

Un soir ramènera vers Lesbos, qui pardonne,

Le cadavre adoré de Sapho, qui partit

Pour savoir si la mer est indulgente et bonne !



De la mâle Sapho, l’amante et le poète,

Plus belle que Vénus par ses mornes pâleurs !

- L’oeil d’azur est vaincu par l’oeil noir que tachette

Le cercle ténébreux tracé par les douleurs

De la mâle Sapho, l’amante et le poète !



- Plus belle que Vénus se dressant sur le monde

Et versant les trésors de sa sérénité

Et le rayonnement de sa jeunesse blonde

Sur le vieil Océan de sa fille enchanté ;

Plus belle que Vénus se dressant sur le monde !

mardi, juin 15, 2010

La BayadèreLe cirque

La Bayadère.





Nuit de pleine lune

Les corps se découpent

pâleur nocturne,

la chevelure d’une compagne

voile argenté en mandorle

visage d’ange.

Le sommeil m’emporte dans le monde des songes.

La bayadère.

Danseuse sacrée du temple de Khajurao

Revient en artiste de cirque,

Sable encore illuminé

Piste labourée, retournée,

Le galop des chevaux roulement sourd derrière les portants.

Poursuite sur la jeune écuyère

Nue.

Elle chevauche en bayadère

Un musculeux palefrenier au membre d’étalon.

Ses hanches de noir gainées,

Bottée de cuir,

Le mouvement est lent, profond sur le pal de l’éphèbe.

Hymne d’Eros sous le chapiteau,

Elle se cambre

Se courbe

Sa chevelure rousse caresse la hampe luisante du sexe,

Bandé, palpitant,

Gorgé de jouissance.

Ses doigts se perdent dans la toison du torse,

Vibrent sur le visage

Griffent la nuque,

Le dos

Les lombes,

Les cuisses s’écartent, elle s’aventure dans le sillon secret,

Un râlement s’échappe,

L’index montre la source du plaisir,

Pénètre.

Il fait de même,

Sur les rondeurs féminines.

Il s’enfonce dans sa longueur pleine,

Il vibre et fouaille,

Des larmes s’échappent,

Les claquements s’intensifient,

De plus en plus rapides,

Violents,

Rougeurs cramoisies,

Enfin douceur du palper,

L’index aussi pénètre le volcan en éveil,

Immobiles,

Les deux s’étreignent,

Jouissent de concert.

Longue plainte gutturale.



Le chapiteau plonge dans le noir.

Dans sa cage une tigresse en rut appelle le mâle.

Je réponds.



Une boule au fond de la gorge.

Seul le silence.





mercredi, juin 09, 2010

Le Fruit défendu

 Le Fruit défendu.

Elle aime se suspendre
Fruit mûr fendillé
Laisser sourdre
Un suc
Que je lape, assoiffé par la chaleur vespérale.
Dans un mouvement circulaire elle laisse son pied
Masser le membre dressé.
Les branches basses s'agitent
Et le bruissement du feuillage
-incongru dans la chaleur de l'été-
Accompagne son chant de gorge en extase,
Rythme les soupirs
Les vibrations intenses.
Elle ruisselle.
Jusqu'à satiété
Ah! Jouir de ce fruit mûr.

Lombes.



Lombes


Mer.
Une voile
Deux
Trois
Le ressac. Écume.
Filaments onctueux
Épars rejetés par les flots.
Senteurs marines du sexe maritime.

Galet pierre polie massant l'entre-deux
Écume.

Une flèche dans la vague de sel
Tes fesses sous mes doigts.
Rayonnement,
Au creux de tes lombes
le soleil darde ses piques de lumière.
Le sable, couche réceptacle de nos corps enlacés, sexe et bouches mêlés, fluides
odorants, pensées pénétrantes,
le sable souillé tout autour de nous,
verre, plastique,
bleu de l'ordure.
Spasmes des coeurs.

Notre chant et celui de nos corps.

mercredi, juin 02, 2010

Chant du Matin.

 Chant du matin

Heure matinale. James vérifie la dureté de son sexe
trique légèrement courbée.
D'un doigt léger il parcourt la forme élégante de l'objet,
glisse du bout de l'index sur le gland soyeux,
apprécie le volume
la protubérance harmonieuse
éprouve la sensibilité du frein
les paumes en coupelle
épousent le volume des bourses.

Un léger frisson parcourt les jambes
le corps s'étire
se cambre et s'ouvre
ses bras s'agitent
la nuque se tend.
L'hast cramoisi des heures voluptueuses
se dresse.
Sexe en majesté.

James contemple le fourreau palpitant
tendu à l'extrême,
Statuaire antique émergée des cendres Pompéiennes,
pétrifiée de jouissance, de râle éternel.